Le rhum est une des conséquences de la conquête de l’Amérique, où, dès le XVe siècle, les Européens plantèrent la canne à sucre originaire d’Asie. Dans leurs empires coloniaux, les Portugais et les Espagnols, puis les Français et les Anglais, qui savaient déjà l’art de produire l’eau-de-vie, tirèrent très tôt du jus de canne une boisson fortement alcoolisée. Les progrès de la distillation en permirent la production sur une grande échelle. D’abord réservé à l’usage des Noirs, des boucaniers et de tous les écumeurs des mers du Nouveau Monde, le rhum fut aussi utilisé sur les côtes d’Afrique comme monnaie d’échange dans la traite des esclaves. En tant que boisson, il ne se répandit en Europe et en Amérique du Nord qu’au cours du XVIIIe siècle. Jusqu’à nos jours, sa production et sa consommation demeurèrent liées aux bouleversements coloniaux et aux convulsions des métropoles, dont la principale fut la Prohibition dans les États-Unis des années vingt. Dans l’évolution de cette boisson devenue quasi mythique, se reflète une bonne part de l’histoire mouvementée des deux rives de l’Atlantique.
Auteur :
Professeur émérite de géographie à l’Université de Bordeaux III, Alain Huetz de Lemps est co-directeur de la revue Les Cahiers d’Outre-Mer, il est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés aux cultures tropicales.
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