Les origines du caoutchouc sont sacrées. Il y a plus de 2000 ans les Mayas, les Olmèques puis les Aztèques reconnaissaient en lui le sang du monde. Fascinés par cette matière mystérieuse, les conquistadors ne surent cependant qu’en faire. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que les Français La Condamine et Fresneau révélèrent le caoutchouc aux savants européens qui n’eurent de cesse de percer à jour ses secrets. Gomme à effacer, chaussures et tissus imperméables firent alors leur apparition. Pour approvisionner l’Europe et les États-Unis, les « barons du caoutchouc » saignèrent la forêt amazonienne. Au milieu du XIXe siècle de géniaux inventeurs perfectionnent les pneumatiques : Dunlop pour le vélo, les frères Michelin pour l’automobile. L’explosion de l’utilisation du caoutchouc, permettant notamment l’essor des transports automobiles, bouleverse la civilisation. L’Amazonie ne suffit plus. Elle est progressivement remplacée par les plantations d’hévéas d’Asie du Sud-Est et d’Afrique. Révélant son importance stratégique, les deux conflits mondiaux font naître une prodigieuse industrie du caoutchouc synthétique qui assure aujourd’hui les 2/3 de la production mondiale. Réservé jadis aux dieux, le caoutchouc est devenu en l’espace de deux siècles un produit essentiel à l’humanité moderne.
Auteur :
Jean-Baptiste Serier : Ingénieur agronome, chercheur au CIRAD (Centre International de Recherches Agronomiques pour le Développement), il effectue depuis plus de vingt ans des études sur le caoutchouc et a participé à de nombreuses missions dans la plupart des pays producteurs.
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