Marivaux s’est-il occupé de mettre en scène ses pièces? Non pas matériellement certes, mais il écrit en pensant à la scène. Seule la présence des acteurs sur les planches permet de saisir une expérience vécue. Elle seule rend sensible la violence des relations, la joie d’être ensemble ou le bonheur de l’amour. Inspiré par l’œuvre des plus grands (Molière, Regnard, Racine, Perrault, Prévost), Marivaux fait de ce passage à la scène une science de l’homme. Avec ses interprètes et les spectateurs, il découvre le sujet moderne dans l’inconstance des désirs et la concurrence des appétits. Cette lecture de l’ensemble du théâtre de Marivaux propose de restituer une dramaturgie à vocation anthropologique. Elle considère l’action qui se forme devant le public, l’espace de la scène investi par les regards et les rencontres, le temps de la représentation appréhendé par les personnages et médiatisé dans le rythme syncopé des dialogues. Les pauses de la rêverie y alternent avec les bruits de la ville.
Auteur :
Jean-Paul Sermain est professeur de Littérature française à l’Université de la Sorbonne Nouvelle. Il a consacré plusieurs ouvrages à l’œuvre de Marivaux (les essais journalistiques, les romans). Aux éditions Desjonquères, il a publié Le conte de fées, du classicisme aux Lumières ainsi que Les Mille et une nuits, entre Orient et Occident.
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