La pensée économique a destin lié avec l’invention de la modernité, depuis son émergence à l’aube du XVIIIe siècle jusqu’à son triomphe contesté de nos jours. Elle s’est progressivement imposée comme le modèle dominant de représentation du monde à travers le langage, l’imaginaire collectif et les consciences individuelles. De cette évolution, la littérature a présenté à la fois des symptômes, des réflexions critiques et des dépassements poétiques.
Le présent volume regroupe une douzaine d’études explorant quelques zones frontières où s’entrecroisent, depuis quatre siècles, discours économiques et discours littéraires. De Scarron à Proust, en passant par le théâtre du XVIIIe siècle, André Chénier, Isabelle de Charrière ou Zola, les questions posées relèvent d’une éminente actualité : comment articuler valeurs morales et valeurs financières, économie domestique et marchés spéculatifs ? Comment juguler la marchandisation de l’humain et de ses affects ? Comment gérer le commerce des biens culturels et symboliques ? Comment mettre en spectacle la vente de la chair, celle de l’esclave ou de la prostituée ?
Dans les regards croisés qui s’échangent ainsi entre théories et fictions, il apparaît que la parole littéraire avait déjà mis en place, depuis plusieurs siècles, des sensibilités et des savoirs qui sont aujourd’hui encore largement en avance sur la discipline économique qui guide — souvent en aveugle et peut-être vers l’abîme — le destin de nos sociétés.
Sous la direction de :
Martial Poirson (professeur d’université), Yves Citton (professeur d’université et philosophe) et Christian Biet (professeur d’université et auteur).
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