En écrivant La nuit et le moment, Crébillon Fils, le peintre achevé de la rouerie masculine, a signé son chef-d’œuvre. Un libertin y guette sa proie. Nous sommes séduits par l’habileté diabolique de sa stratégie amoureuse. Sa fureur de conquête viendra-t-elle à bout de toutes les ruses dont une femme du XVIIIe siècle dispose avant que de se rendre ? Dans le second conte Le hasard du coin du feu, Crébillon Fils nous fait spectateur du très joli badinage d’une coquette et d’un roué.
Ce tableau, par petites touches impertinentes et spirituelles, porte sur un sujet très sérieux : il s’agit pour Célie de détourner à son profit l’amour que le Duc porte à sa meilleure amie… ! Crébillon Fils a tracé avec infiniment d’esprit et de délicatesse les raffinements, les nuances et jusqu’aux grâces de nos vices : « Un autre talent que j’ai est d’ouvrir une porte plus doucement que personne et de marcher avec une légèreté incompréhensible… » fait-il dire au jeune libertin.
Ce clair regard de conteur, cette légèreté séduisante, c’est le rire de l’esprit.
Auteur :
Crébillon fils (1704-1777). Sa vie se confond avec son oeuvre. Tôt lancé dans les salons et les coulisses, il y apprend la vie qu’il décrit d’un pinceau impertinent. Le libertinage qu’on lui suppose l’envoie à la Bastille, il en sort pour devenir Censeur royal. Les dates importantes de sa vie restent ses romans : Lettres de la Marquise de M*** au Comte de R*** (1732), La Nuit et le moment (1737), Les Égarements du coeur et de l’esprit (1738), Le Sopha (1742).
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