Homme de guerre et homme du monde autant qu’homme de pensée et d’écriture, Saint-Évremond prend place parmi les grands moralistes du XVIIe siècle, les La Rochefoucauld, Pascal et La Bruyère ; mais sa place est à part : Sainte-Beuve voyait en lui un « Montaigne adouci ». Comme en témoignent généreusement les textes de ce recueil, ce n’est pas l’abstrait des principes qui suscite sa réflexion, c’est l’expérience des rapports que tout homme entretient avec l’histoire, les mœurs, la langue, les livres, avec les autres et avec soi. On voit alors se dessiner en creux la figure du moraliste véritable dont la méthode consiste à prendre la vie pour guide et non les idées préconçues. Cette rare liberté d’esprit et de style qui rend sa lecture si tonique aujourd’hui, Saint-Évremond la laisse s’épanouir dans le mouvement d’un commentaire, d’une conversation, sur le mode privé et amical de la séduction et de la connivence. Il traite de l’essentiel, et, parce qu’il s’agit de l’essentiel, il en traite comme négligemment, du bout des lèvres, avec une fermeté discrète.
Auteur :
Charles de Saint-Denis, seigneur de Saint-Évremond (1613 ou 1614-1703) couvre de sa vie et de son œuvre l’ensemble du XVIIe siècle. Gentilhomme normand, il fut un « cavalier » fort apprécié de Condé et du Roi, un « délicat » estimé dans les cercles lettrés et la société de Fouquet, un exilé dont l’esprit lui valut tant d’estime en Hollande puis en Angleterre qu’on l’inhuma dans Westminster.
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