Fils du plus célèbre tragique de son temps, Claude Crébillon (1704-1777) est l’un des meilleurs prosateurs de son siècle, alliant l’élégance du style au génie du conteur. Sa vie fut ponctuée de rebondissements. Amant malheureux d’une comédienne illustre, il courtisa quelques ingrates avant de conclure un mariage flatteur mais déconcertant. Après des débuts heureux dans les salons parisiens, il connut les scandales, la prison, les faveurs et les protections, avant de finir modestement, entouré de ses amis, oublié des critiques, adoré du public. Car la grande affaire de sa vie fut la littérature. Des Comédiens Italiens, il fut dix ans durant l’auteur le plus fidèle et le plus anonyme. Censeur royal, il soutint constamment les jeunes écrivains. Dans ses romans et dans ses contes, il s’affirma un observateur passionné du libertinage, à la précision de moraliste. En tout, il ne cessa de reprendre, de corriger, de récrire, en une quête inlassable de la perfection. On a cru Crébillon fils confiné dans un monde d’artifices, mais cet écran de légèreté dissimule une profonde connaissance du cœur. Chez ce témoin intense de son siècle, tout nous éclaire sur la société du temps et sur la condition d’homme de Lettres sous l’Ancien Régime.
Auteur :
Jean Sgard, professeur émérite à l’Université Stendhal de Grenoble, a publié de nombreux ouvrages sur la presse et sur le roman au XVIIIe siècle. Parmi ceux-ci : L’abbé Prévost. Labyrinthes de la mémoire (1986), Le roman français à l’âge classique. 1600-1800 (2000). Il a dirigé la publication d’un Dictionnaire des journaux, 1600-1789 (1991) et des Œuvres complètes de Crébillon fils (1999-2002).
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