« Il faut donner à son discours le tour libre des conversations », écrivait un contemporain de Louis XIV : comme genre littéraire, le conte merveilleux prit naissance en un temps où écrire comme on parle était la règle et où lire à voix haute était pratique courante. Écrire des contes de fées, ce fut imposer des fictions de voix enchantées à une culture romanesque férue de vraisemblance, adapter à la mondanité les rituels de parole du conte oriental, mais aussi partager avec l’opéra le champ du merveilleux et engager un dialogue fécond avec le théâtre : ainsi ceux qu’on appelait alors les Modernes inventaient-t-ils un art d’énoncer l’étrangeté du monde et des êtres en simulant des voix de jadis ou d’ailleurs.
Notre époque où l’oralité est à la mode et où revivent les pratiques conteuses, nous invite à envisager ces questions en considérant les intentions esthétiques de ces œuvres littéraires que furent les contes merveilleux des XVIIe et XVIIIe siècles.
Auteur :
Jean-François Perrin est professeur de littérature française à l’université Stendhal-Grenoble 3, membre de l’UMR LIRE CNRS 5611 (pôle grenoblois) et directeur de la revue Féeries. Ses recherches portent principalement sur le conte merveilleux du XVIIIe siècle et sur l’oeuvre de Jean-Jacques Rousseau.
Anne Defrance est maître de conférences en littérature française à l’université Michel de Montaigne (Bordeaux 3), membre de l’UMR LIRE 5611 (pôle grenoblois) et du comité de rédaction de la revue Féeries. Ses travaux de recherche portent essentiellement sur le conte des XVIIe et XVIIIe siècles.
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