« Moi, c’est le cœur humain que je développe, son délire particulier, le manège de la vanité, de la fausseté dans la plus intéressante des passions que j’expose à vos yeux », déclare le cynique héros des Heureux orphelins. C’est là définir le propos même de Crébillon. Celui-ci dispose les éléments d’une enquête générale sur l’homme dont l’épreuve de l’amour, à travers les tribulations passionnelles et les chassés-croisés érotiques des personnages, alimente indéfiniment le sujet. Crébillon reproche en effet à son siècle de ne pas se demander si la sincérité et le savoir — sincérité dans l’engagement du cœur, savoir en matière de psychologie et de morale — aident à vivre plus heureux. Mais poser la question, c’est déjà y répondre. Et en moraliste pessimiste : il semble bien plutôt à Crébillon que le bonheur de l’humanité soit de s’illusionner sur ses propres vertus.
Auteur :
Crébillon fils (1704-1777). Sa vie se confond avec son oeuvre. Tôt lancé dans les salons et les coulisses, il y apprend la vie qu’il décrit d’un pinceau impertinent. Le libertinage qu’on lui suppose l’envoie à la Bastille, il en sort pour devenir Censeur royal. Les dates importantes de sa vie restent ses romans : Lettres de la Marquise de M*** au Comte de R*** (1732), La Nuit et le moment (1737), Les Égarements du coeur et de l’esprit (1738), Le Sopha (1742).
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