Que valait l’armée dont disposait la monarchie au début de 1789 ? Comment n’a-t-elle pas « éclaté » dès le printemps de cette même année ? Comment expliquer qu’elle ait pu en 1792 fournir à la Nation la doctrine, l’encadrement et l’équipement qui permirent les victoires de Valmy et de Jemmapes ? C’est à ces questions que s’efforce de répondre cet ouvrage, en soulignant la qualité et l’efficacité des hommes qui, de 1763 à 1788, ont travaillé à effacer l’humiliation des guerres désastreuses du règne de Louis XV. Ces hommes, qu’ils aient servi dans les « bureaux de la guerre » ou plus modestement dans le rang, n’étaient pas, dans leur grande majorité, issus d’une caste jalousement isolée de la Nation. Ces soldats provenaient d’une « France militaire » dont la vitalité ne s’était pas démentie au cours du XVIIIe siècle. Tous n’étaient pas, il s’en faut, des mercenaires : on comptait parmi eux d’anciens miliciens, ces « appelés » de l’Ancien Régime. Mais l’esprit de corps, acquis pendant de longues années passées sous les drapeaux du même régiment en avaient fait des professionnels. Insensibles aux courants d’idées qui parcouraient la Nation, ils auraient pu, en 1789, jouer les prétoriens. S’ils ne l’ont pas fait, c’est que, paradoxalement, leurs officiers ne les y ont pas invités. En 1792, l’armée du Roi est devenue celle de la Nation.
Auteur :
Bernard Deschard, né en 1921 et décédé en 2001, Docteur en Sociologie, est un Général d’Armée et spécialiste d’Histoire militaire au XVIIIe. Sur ce même thème, il est également l’auteur de Les bas officiers de l’armée royale du milieu du XVIIIe siècle au début de la Révolution.
Avis
Il n’y a pas encore d’avis.