Toutes les cultures ont accordé à la musique un pouvoir surnaturel. Elle fascine le philosophe qui a pu y voir le langage même de l’Idée. Dans l’opéra, elle exalte les grandes figures littéraires auxquelles elle confère la force des mythes. Mais elle est aussi un instrument de fascination des peuples, comme en témoignent son utilisation sous les divers fascismes ou la toute puissance de l’actuel fétichisme musical. Les textes de ce recueil envisagent quatre aspects majeurs de cette fascination musicale. Celle du philosophe qui, de Platon à Nietzsche ou Husserl, paraît à la fois enchanté et médusé par le charme de la musique. Celle du poète qui rêve de porter le langage à la limite du dicible, mais redoute, comme Mallarmé, de le voir s’évanouir en musique pure. Celle de l’écrivain qui, tel Hoffmann, Stendhal ou Butor, rivalise parfois avec le compositeur dans l’invention d’une écriture musicale. Celle, enfin, qui nous saisit lorsque l’art lyrique donne à la voix une puissance de séduction démoniaque, où la jouissance esthétique, l’érotisme et la mort se confondent en une expérience sublime. La question de la fascination musicale conduit à s’interroger sur l’essence même de la littérature comme sur les limites de la pensée rationnelle, dans une approche qui unit intimement la poétique et l’éthique, l’esthétique et le politique.
Sous la direction de :
Camille Dumoulié (1955), professeur de Littérature comparée et responsable du Centre de recherches Littérature et Poétique comparées à l’Université de Paris Nanterre (ex-Paris X).
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