Nana, Tess, Effi : les destinées de ces trois héroïnes sont tout entières orientées par la responsabilité morale qui leur est imputée. Chacune d’elles est « coupable » d’un choix existentiel qui contrevient aux lois régissant le comportement des femmes, en cette fin du XIXe siècle, où se situe l’action des trois romans. Le corset des mœurs et des circonstances, dont seule Nana semble se jouer, infléchit cruellement le destin de Tess comme celui d’Effi Briest : il les tord, puis les brise. C’est à cette emprise que l’écriture résiste : liée à son objet par une fascination passionnée, elle en épouse la respiration, les souffrances, les combats et les plaisirs, luttant contre l’entrave jusqu’à rompre les digues. Au-delà de l’évocation d’un milieu et d’un inoubliable portrait, c’est bien d’une émancipation impossible, et vitale, qu’il est ici question.
Auteur :
Florence Godeau est professeur de Littérature générale et comparée à l’Université Jean Moulin-Lyon 3. Ses principaux ouvrages portent sur les formes narratives des XIXe et XXe siècles, notamment Les Désarrois du moi (Tübingen, Niemeyer, 1995) et Récits en souffrance (Paris, Kimé, 2001).
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