Royaume prééminent de la Chrétienté, la France, quand Henri IV accède au pouvoir, est le pays déterminant dans une Europe déchirée par le schisme protestant depuis bientôt un siècle. Une part importante de l’opinion publique y milite pour réunir les confessions antagonistes dans une église gallicane, instaurée sous l’autorité du nouveau souverain et indépendante de Rome, à l’instar de l’église anglicane : ce choix eût scellé la fin de l’église catholique.
Or la France préféra se décider pour une cohabitation des confessions dans un esprit sinon d’acceptation, du moins de « tolérance » réciproque. Pour quelles raisons ? Parmi le tumulte d’intérêts, de passions, d’entreprises contradictoires qui marquent les dernières convulsions des guerres de religion, Corrado Vivanti s’efforce de discerner les idées, les images, les sentiments dominant cette époque et parvient finalement à éclairer le processus de cristallisation de ce qu’on appellerait « l’exception » et qu’il serait sans doute plus juste de dire « l’originalité » française : rien de moins que les prémisses de la laïcité, cet état d’esprit qui soumet les convictions religieuses aux nécessités de la paix civile.
Enfin traduite en français dans une version revue par l’auteur, cette étude est toujours d’une grande actualité dans le pays dont elle évoque la genèse et qui s’interroge tant sur sa nature.
Auteur :
Né à Mantoue en 1928, et décédé à Turin le 8 septembre 2012, Corrado Vivanti a été professeur aux universités de Turin, de Pérouse et de Rome. Figure éminente de l’historiographie moderne, il a notamment travaillé sur le concile de Trente, Paolo Sarpi, Machiavel, les Juifs d’Italie, et a co-dirigé la monumentale Histoire d’Italie parue chez Einaudi.
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