Entre le crépuscule du Moyen Âge et l’aube des Temps modernes, une vague d’occultisme submergea l’Europe. La découverte de la Cabale — composée avec l’hermétisme et l’ancienne magie arabe — permit à l’homme de la Renaissance de concevoir des langues sacrées aux vertus invocatoires : il se crut ainsi en mesure de s’approprier le pouvoir des anges et (de la sorte une part de la puissance de Dieu sur l’univers). Cet occultisme nous demeure encore pour une vaste part inconnu. Les études de l’école anglo-saxonne, notamment de Frances Yates, ont certes permis de distinguer les principaux courants de cet océan intellectuel. Mais les œuvres de l’occultisme continuent d’opposer une résistance aux tentatives de déchiffrement. Le présent essai s’articule en triptyque. Retraçant d’abord la genèse des langues et des langages ésotériques du XVIe siècle, il s’attache ensuite à décrypter quelques-unes des énigmes majeures de l’occultisme renaissant : que signifiait le fameux talisman de Catherine de Médicis, ou encore un « hiéroglyphe » du mage élisabéthain John Dee, immortalisé sous les traits du docteur Faust dans le drame de Marlowe ? Comment Nostradamus concevait-il la structure spatiale et temporelle du monde sous-jacente à ses Prophéties, clef de ses déconcertants procédés divinatoires ? Quels étaient l’ordonnance, le sens et la fonction attribués par Rodolphe II aux immenses collections qu’il amassait du fond de son palais de Prague ? L’ultime énigme est celle du dépérissement de l’ésotérisme. Une étude finale reconstitue comment, avec Kepler, l’occultisme de la Renaissance, sans le vouloir consciemment, œuvra à se détruire, ou plutôt à se métamorphoser, pour donner naissance au mode de penser de la science moderne.
Auteur :
Pierre Béhar, né à Paris en 1947, est agrégé d’allemand, docteur d’Etat ès-Lettres, il est professeur de civilisation et de lettres germaniques à l’Université de la Sarre, directeur de recherche au Centre d’Etude Supérieures de La Renaissance de l’Université de Tours, à la Faculté des Lettres de l’Université de Metz et à l’institut d’Etudes Européennes de l’Université de Paris VIII.
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